jeudi 10 janvier 2008

La bande passante d'Internet serait menacée d'engorgement dès 2010


Avec 100 millions de clips vidéo mis en ligne, YouTube est la plus grande vidéothèque au monde. C'est aussi un important consommateur de bandes passantes : en 2006, avec 27 pétaoctets (27 millions de gigaoctets) par mois, le site équivaut presque au trafic total d'Internet pour l'année 2000.
Le trafic mondial, estimé à 2 400 pétaoctets par mois en 2006, est promis à une forte augmentation : les prévisions de l'entreprise Cisco pour 2011 s'établissent à plus de 10 700 pétaoctets par mois, soit quatre fois plus qu'en 2006. Alors que les microprocesseurs informatiques sont régis par la loi de Moore, qui prédit que le nombre de leurs transistors double tous les deux ans, la demande de bande passante sur Internet suit-elle également une courbe exponentielle ?

En 2006, les systèmes d'échange peer to peer occupaient déjà 650 pétaoctets par mois, un chiffre qui devrait quadrupler d'ici à 2011. La vidéo en flux continu (streaming) devrait utiliser 27 % de la bande passante au lieu de 8 % actuellement. Mais c'est surtout la démocratisation de la télévision à la demande et de la haute définition qui va considérablement accroître la demande.

Entre 2007 et 2011, la télévision par Internet ou IPTV devrait être multipliée par 10, atteignant 1 200 pétaoctets par mois. Outre ces nouveaux usages, les capacités d'Internet sont mises à l'épreuve par les nouveaux utilisateurs d'Internet.

Au premier trimestre 2007, seuls 300 millions d'internautes ont souscrit un abonnement haut débit, c'est-à-dire supérieur à 256 kbit/s, sur les 1,2 milliard d'utilisateurs d'Internet. En 2011, leur nombre devrait presque doubler pour atteindre 567 millions.

Si la demande explose, Internet est-il menacé de congestion, voire de saturation ? Selon une étude exhaustive de l'institut Nemertes, "il semble évident que la demande en services Internet croît de manière exponentielle, quand les investissements dans les infrastructures évoluent de manière linéaire". "Nous pensons que les deux courbes pourraient se croiser dans les cinq prochaines années, peut-être dès 2010", précisent les auteurs du rapport.

De fait, dans les cinq ans, les sommes investies dans le Réseau au niveau mondial devraient croître en moyenne de 10 % par an, passant de 14,2 milliards d'euros à 20,8 milliards d'euros par an en 2012.

De telles sommes sont très insuffisantes pour Nemertes, qui préconise un investissement massif dans les infrastructures d'accès pour les utilisateurs. 95,3 milliards d'euros seraient nécessaires durant les cinq prochaines années, dont 38,2 milliards d'euros pour les seuls pays d'Amérique du Nord.

Malgré l'ampleur des sommes envisagées, ces dépenses sont largement surmontables pour un secteur dont le marché mondial dépasse, en 2007, les mille milliards d'euros.
Par ailleurs, les analystes de Nemertes ne se veulent pas alarmistes. Qu'adviendrait-il si l'infrastructrure ne pouvait soutenir la demande ? Lenteurs de connexion, échec de certains téléchargements...

Loin d'être une catastrophe violente, les effets seraient diffus. Les auteurs du rapport craignent en revanche de lourdes conséquences pour l'avenir du Réseau. "Le premier impact d'une infrastructure inadéquate sera de ralentir l'innovation. Les prochains Amazon, Google ou YouTube pourraient ne pas voir le jour", estiment les auteurs de l'étude.

Il faut savoir que 10 octets valent un mot, 2 kilo-octets une page de texte, 50 mégaoctets le contenu d'un album de musique au format mp3, 50 gigaoctets le contenu complet de deux bibliothèques publiques, 50 téraoctets, les données complètes d'une très grande société et 1 péta octet les données complètes de tous les voyages dans l'espace depuis leurs débuts.

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